8. Ressources: De nombreux systèmes de santé, pour autant qu’ils en aient la volonté politique, disposent de ressources suffisantes pour proposer des interventions qui sont, au minimum, peu coûteuses et efficaces contre l’infertilité. L’absence d’interventions efficaces favorise le recours à des interventions inefficaces. Les interventions inefficaces gaspillent des ressources précieuses des systèmes de santé et des ménages.

L’absence de soins appropriés en matière d’infertilité est souvent justifiée par le coût élevé de la PMA (Murage, 2011). La PMA peut en effet être beaucoup trop chère dans les pays pauvres, mais cela n’explique ni ne justifie pourquoi d’autres interventions moins coûteuses ne sont pas proposées aux couples qui n’ont peut-être pas besoin de la PMA pour concevoir un enfant (Adamson, 2009, Iliyasu, 2013). Les conseils en matière de fertilité, y compris les conseils sur les modes de vie sains, coûtent du temps aux professionnels de la santé mais ne nécessitent pas de ressources supplémentaires. D’autres interventions telles que le traitement par citrate de clomifène et l’insémination intra-utérine peuvent être proposées à un coût abordable et sans avoir besoin de laboratoires et d’équipements coûteux. L’absence relative de soins de l’infertilité dans de nombreux pays en développement est plus souvent due à un manque de volonté politique et de planification en matière de santé qu’à un manque de ressources pour les PMA (Inhorn, 2009).

Les soins de l’infertilité sans PMA ne peuvent pas aider tous les couples infertiles, mais des interventions de base et abordables et fondées sur des preuves, seront bénéfiques pour beaucoup. Dans le même temps, ces interventions constituent une étape importante marquant la fin de l’inaction et de l’absence de soins ou d’attention.

Dans des milieux dotés de meilleures ressources, la PMA peut devenir accessible. Plus le coût sera faible, plus le traitement antirétroviral sera accessible et abordable pour les patients et les systèmes de santé. La recherche doit se concentrer sur des modifications sûres et peu coûteuses des PMA standard. Entre-temps, les professionnels de la santé ont le devoir reconnu envers leurs patients et le système de santé d’offrir des soins au coût le plus bas possible (ESHRE Taskforce on Ethics & Law 2008 ; ESHRE Taskforce on Ethics & Law, 2009).

En l’absence de soins appropriés, les femmes infertiles ne disparaissent pas simplement du secteur de la santé. De nombreux couples infertiles cherchent sans cesse de l’aide dans l’espoir de tomber enceinte. En l’absence de bons soins, on essaie souvent un traitement inefficace et possiblement nocif.

Le gaspillage des ressources des systèmes de santé pour des soins inefficaces en matière d’infertilité n’a pas été étudié. Les données disponibles suggèrent toutefois que la quantité est probablement importante, car l’infertilité constitue une raison fréquente de recourir aux services biomédicaux ainsi qu’aux services de santé traditionnels. On manque également de données sur l’impact financier des soins de l’infertilité sur les ménages. Quelques études qualitatives décrivent comment les femmes infertiles utilisent leurs maigres économies, et parfois toutes leurs ressources, pour traiter leur infertilité, ce qui peut impliquer des médicaments ou des interventions chirurgicales inefficaces ainsi que diverses formes de thérapies traditionnelles. Par conséquent, les patients et le secteur de la santé gaspillent des ressources qu’ils ne peuvent pas se permettre de perdre (Dyer et Pennings, 2010).

Il a en outre été reconnu que les systèmes de santé ont non seulement la responsabilité de fournir des services de santé, mais aussi de protéger les ménages qui ont accès à leurs services contre les paiements directs qui peuvent causer ou aggraver la pauvreté existante (Xu et al, 2002 ; ESHRE Taskforce on Ethics & Law, 2008). En d’autres termes, les systèmes de santé doivent protéger les ressources de leurs citoyens et en particulier celles des pauvres. Les systèmes de santé des pays pauvres risquent d’échouer deux fois dans leur responsabilité envers les femmes stériles : (1) en n’offrant pas l’accès à des soins de santé reproductive de qualité et (2) en ne contribuant pas à protéger les ressources des couples ou des femmes infertiles contre des dépenses potentiellement paralysantes.